Login

Le jour où Nous avons déménagé notre ferme des Pays-Bas

C’était comme sauter dans le vide, mais nous avions fait le nécessaire pour retomber debout.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« J’étais enceinte de quatre mois de mon cadet, ce 2 avril 1993, lorsque nous nous sommes expatriés en France, se souvient Maartje, 52 ans, productrice de lait dans la Manche. Tout avait été très bien préparé. Mon mari était déjà sur place pour la reprise des clés de la ferme et du troupeau, qui s’est étalée sur un mois. Je continuais jusqu’alors à m’occuper avec mon père de l’exploitation que nous avions mise en vente avec un prêt-relais. Le jour du grand départ, j’avais hâte de retrouver mon conjoint, mais j’avais un pincement au cœur en caressant une dernière fois mes laitières qui allaient être vendues et qu’il était hors de question de ramener en France.

Les génisses suivent

J’étais néanmoins contente d’avoir fait en sorte que les génisses nous rejoignent un peu plus tard. Nous allions conserver ainsi une partie de notre travail. Ce jour-là, mes parents m’accompagnaient dans la voiture. Officiellement, ils venaient pour conduire sur le trajet et m’aider à m’occuper de ma fille de quatre ans. En fait, leur présence et leur soutien m’ont énormément rassurée. J’ai senti que nous ne perdrions pas le lien avec la famille, que la petite dizaine d’heures de voiture qui nous séparerait ne serait pas un obstacle.

Je pensais aussi beaucoup à mon bébé qui vivait tout cela dans mon ventre. Je me disais que ce serait le seul Français de la famille et qu’il serait peut-être compliqué de communiquer avec les médecins et de trouver une bonne maternité. J’avais pris des cours intensifs de français avant le départ, mais j’avais encore du mal à bien comprendre et à bien me faire comprendre.

Des projets plein la tête

Les déplacements en France avaient été comptés pour l’achat de la ferme que je n’avais visitée qu’une fois et sans prendre la mesure que ce serait ma future maison. Ce déménagement a été comme un saut dans le vide, effrayant et grisant à fois. Je savais qu’on avait fait le nécessaire pour retomber debout. J’avais confiance car nous avions des projets plein la tête. C’était aussi une délivrance qui mettait fin à nombre de questionnements et d’incertitudes.

Cela faisait des années que nous savions que le déménagement était la seule façon de pouvoir rester agriculteurs et continuer à vivre de notre passion. Il était impossible de nous développer aux Pays-Bas. En Normandie, nous allions retrouver un climat et des conditions de production assez similaires aux nôtres et pas trop loin de notre pays. Seul le caractère vallonné nous faisait un peu peur. »

Propos recueillis par Alexis Dufumier

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement